Edito ldm98

Arrêtez de nous faire croire que vos camionnettes de patrouilles nous protègent

Le 27/08/2024

Dans Actualités

"Arrêtez de nous faire croire que vos camionnettes de patrouilles nous protègent sur les autoroutes". C'est le coup de gueule du rédacteur en chef du magazine LDM, Le Dépanneur Magazine qui a diffusé cet éditorial dans LDM n°98 :

Depuis 25 ans mon métier de journaliste me fait constater l’augmentation des accidents où des dépanneurs remorqueurs sont percutés par une voiture ou un camion.

Pas toujours mortels, mais toujours traumatisant.

Le point commun à tous ces drames ?

L’absence de protection en amont du véhicule à dépanner. Pire, la protection à moindre coût !

Autrement dit quelques cônes le long de la voie et parfois une camionnette de patrouille avec des feux de signalisation.

Mais de qui se moque-t-on ?

Depuis quand une camionnette de patrouille de moins de 3,5 t peut stopper ou freiner un véhicule roulant à 80 km/h, 90 km/h, 130 km/h voir plus. Depuis quand ces moyens ridicules sont censés nous protéger ?

Un exemple très médiatisé sur la Côte d’Azur en mars 2024 sur l’autoroute A8 a choqué l’opinion.

Une voiture a percuté les intervenants (dépanneur, patrouilleurs, gendarmes) en cours d’intervention auprès d’une voiture accidentée après un aquaplaning.

Résultat : un patrouilleur mort, un autre gravement blessé ainsi que 2 gendarmes et 1 dépanneur blessé.

La réaction de la société d’autoroute ESCOTA (filiale de VINCI Autoroutes) concessionnaire de cette partie de l’autoroute à péage ne s’est pas fait attendre.

Un message de compassion a été adressé à la famille du défunt via la radio VINCI Autoroutes, des communiqués en rafale à qui voulait bien l’entendre dénonçant l’attitude irresponsable de l’automobiliste ayant percuté les intervenants, le qualifiant de « voiture folle ».

VINCI Autoroutes a porté plainte pour homicide.

Attendez, n’est-ce pas VINCI Autoroutes qui devrait être poursuivie ?

Envoyé des camionnettes de moins de 3,5 t en protection d’une intervention de dépannage sur une autoroute en descente submergée par des pluies torrentielles depuis 24 h et connue pour sa dangerosité, c’est de la non-assistance à personne en danger.

Nous le répétons depuis des années, il faut que ces sociétés d’autoroutes déploient 1, 2 ou 3 camions « absorbeurs de choc », soit des engins pesant 26 tonnes en amont de ces interventions.

C’est le seul moyen efficace pour éviter ces drames.

Mais l’investissement est plus important et mauvais pour les résultats financiers du groupe.

Le saviez-vous ?

Les dépistages d’alcoolémie et de drogue du conducteur de la « voiture folle » sont négatifs.

Le patrouilleur mort en mars 2024 avait déjà été traumatisé par un camion lui fonçant sur lui en 2018 au même endroit sur cette autoroute.

En 2015, sur cette même autoroute près du péage, un autocar a perdu le contrôle et fait 1 mort et 21 blessés en 2015.

En 2019 l’ASFA (Association des Sociétés françaises d’Autoroute) a fait modifier le décret sur le corridor de sécurité au détriment de la sécurité des intervenants.

Cet article a été diffusé dans LDM, Le Dépanneur Magazine n°98.

 

 

 

 

Corridor de sécurité patrouilleurs autoroutes Vinci escota sanef asfa